Face aux défis du dérèglement climatique, il est essentiel pour les mairies comme pour les citoyens de se mobiliser pour une transition écologique concrète. La conception des espaces de vie, qu’ils soient urbains ou ruraux, joue un rôle central dans cette transition, influençant la manière dont les communautés coexistent avec leur environnement. C’est dans cet esprit qu’intervient l’architecture régénérative, défendue par Estelle, architecte passionnée qui, lors d’un récent atelier avec les membres d’Ecovirage, a exposé sa vision d’un habitat en harmonie avec la nature. Nous allons voir en quoi architecture régénérative et permaculture vont de pair.
Les enjeux de l’architecture régénérative
Loin des pratiques architecturales conventionnelles souvent centrées sur l’exploitation des ressources et la standardisation, l’approche d’Estelle (inspirée par le travail de Pamela Mang et Bill Reed aux Etats-Unis) place le vivant au cœur du processus de création. Inspirée par les principes d’écologie et de permaculture, l’architecture régénérative vise à restaurer et enrichir les écosystèmes tout en répondant aux besoins humains. Cette démarche implique de comprendre un lieu dans ses dimensions écologique, historique et sociale pour concevoir des structures qui s’y intègrent harmonieusement et le renforcent.
Estelle prône une méthodologie en trois phases dynamiques :
– la compréhension du lieu
– l’harmonisation des interventions
– la stabilisation dans le temps.
Cette approche assure que chaque projet soit non seulement durable, mais régénérateur, en contribuant activement à la résilience des systèmes naturels et humains.
Une vision partagée avec la permaculture
Chez Ecovirage, la démarche permaculturelle guide de nombreux projets, du développement de jardins partagés à l’animation d’ateliers de sensibilisation. La permaculture, comme l’architecture régénérative, cherche à maximiser les synergies entre les éléments d’un système. Il s’agit de créer des écosystèmes productifs et diversifiés qui s’inspirent des modèles naturels, tout en tenant compte des interactions humaines.
L’intégration des principes d’Estelle aux pratiques d’Ecovirage enrichit cette démarche. Par exemple, l’observation minutieuse du terrain et l’implication des usagers sont au cœur de la méthodologie d’Estelle, rappelant la phase d’analyse initiale de tout projet permaculturel.
Exemple d’architecture régénérative sur un quartier de Marseille
Le projet de recherche d’Estelle à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille a porté sur le quartier du marinier, et c’est un exemple frappant de la manière dont l’architecture régénérative peut redonner vie à un territoire tout en intégrant les enjeux écologiques et sociaux. Le Marinier, un ruisseau intermittent situé dans la région de l’Estaque à Marseille, incarne à la fois un passé industriel et des perspectives de renouveau écologique.
Historiquement, le Marinier faisait partie intégrante de l’activité locale, irriguant les terres agricoles et alimentant les puits. Toutefois, avec l’urbanisation et les aménagements successifs, sa fonction naturelle a été altérée, fragmentée par des infrastructures et des usages déconnectés de son rôle initial. Aujourd’hui, cette zone souffre d’une dégradation écologique notable, marquée par l’imperméabilisation des sols et la pollution, menaçant la biodiversité et augmentant les risques d’inondation.
L’approche régénérative défendue par Estelle s’attaque à ces enjeux en revisitant le territoire sous l’angle de la coévolution entre les systèmes humains et naturels. Le projet vise à réhabiliter le ruisseau et ses abords en valorisant ses potentialités écologiques et en rétablissant ses connexions avec le réseau hydrographique local. Ce processus inclut une observation approfondie du lieu pour identifier ses « patterns » écologiques et sociaux, et la mise en place d’initiatives pour relier le ruisseau à son bassin versant naturel. Cette démarche prend en compte non seulement l’eau comme ressource précieuse, mais aussi l’ensemble de la biocénose, c’est-à-dire la communauté d’êtres vivants partageant le même milieu.
Estelle a ensuite animé un atelier de réflexion pour adapter sa méthodolgie au cas concret de notre projet au Jardin du Grand Jas, afin de repenser le lieu comme une partie connectée à un tout, qui est l’intégralité du bassin versant (la colline, la plaine, la rivière…). Elle a permis aux adhérents de l’association de se rendre compte de la situation topologique, hydrologique et historique de l’ensemble.
Un appel à l’action pour les collectivités et les citoyens
Dans un monde où les changements climatiques s’accélèrent, l’architecture régénérative et la permaculture offrent des solutions ancrées dans la réalité locale. Les communes qui souhaitent agir pour l’adaptation au dérèglement climatique trouveront en Ecovirage un partenaire pour initier des projets pilotes inspirants. La participation active des habitants est la clé pour créer des espaces partagés, évolutifs et vivants, où la nature et l’humain cohabitent en harmonie.
La richesse d’Ecovirage est dans ses membres ! Tous les adhérents peuvent partager de la connaissance et participer à la construction de projets. Un grand merci à Estelle de sa contribution, qui va nous permettre de connecter encore d’autres acteurs de la transition !
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